Billet d'avion pour l'enfer: « Corsair » ou pirates ?

16/12/2004 22:09
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Une implosion de réacteur au décollage, puis soixante heures "d'enfer": on ne peux pas dire que mon retour de Guadeloupe fut de tout repos... Merci la compagnie Corsair...
Fin des vacances...
Après de merveilleuses vacances de trois semaines sur la méditerranée, l'Atlantique et les îles des Caraïbes, il faut penser à rentrer, hélas...
C'est la compagnie Corsair qui assure le vol SS927 Pointe-À-Pitre –Paris, sur un Boeing 747. 480 passagers, quasiment tous français de métropole ou de Guadeloupe, sont sur ce vol.
Voici le résumé des événements.

...Début de la galére

Dimanche 12 décembre 2004 :
16h (heure locale) : L'enregistrement débute à l'aéroport de Pointe-À-Pitre.
19h : L'embarquement est terminé.
Un premier retard d'une heure trente environ, dû à l'absence de trois passagers : pour raisons de sécurité, il faut retrouver et descendre leurs bagages des soutes.
20h25 : Les manoeuvres de décollage débute... ce n'est que le cinquième vol long courrier de ma vie, mais ça me semble traîner en longueur...
20h35 : Le décollage est lancé. Je suis idéalement placés, un hublot derrière une aile, mais j'hésite à filmer : les appareils électroniques sont déconseillés pendant les manoeuvres de l'appareil.
20h37 : Le Boeing à attend une vitesse d'environ 180 à 200 km/h : il décollera en principe vers 280 km/h.
Juste devant moi, dans un fracas assourdissant suivi d'une formidable gerbe de flamme (visible par tous les passagers côté gauche, d'avant en arrière), le réacteur de l'extrémité gauche de l'appareil implose!
Le boeing amorce un freinage d'urgence. A cette vitesse, et en tenant compte du poids de l'appareil (environ 300 tonnes), des réservoirs bourrés de kérosène et du bout de la piste plus très éloigné, c'est une question de secondes.
L'avion part en travers pour aider au freinage. Au bout d'un laps de temps indéfini, mais qui semble bien long aux passagers éberlués, il fini par s'immobiliser.
Il semble que les pilotes ont remarquablement bien gérés le très sérieux incident.
Les pompiers sont immédiatement sur place, mais par chance l'incendie n'a pas pris. Une chance, il y a des tonnes de kérosène dans les ailes... la plupart des catastrophes aériennes ont eu lieu dans les mêmes conditions (dernièrement, en France, le Concorde).

Un premier message dans l'avion : on nous indique que l'avion va refaire une tentative après inspection !
Grondement, premières crises de nerfs. L'annonce parait en effet irréel.
Pas de nouvelles informations pendant plus d'une heure ! Stewards et hôtesses n'ont pas de sourires ni de paroles rassurantes à nous offrir, on les sent aussi perdu que nous.

En fait d'inspection, on ne verra de mon hublot qu'une personne sur une échelle avec une lampe de poche... qui ne fonctionne pas, essayant de regarder dans le réacteur mort.

Toujours bloqués dans l'avion, depuis 3 heures maintenant (!), et ce sans explications ni informations, nous serons « libérés » jusqu'au hall départ. Avec interdiction d'en sortir.

23h30 : Premières sérieuses crises de nerfs dans le hall. Il n'y a aucun personnel de la compagnie Corsair, ni de l'aéroport présent. Pas la moindre bouteille d'eau ni endroit pour s'allonger (il y a 50 % de personnes âgées, des enfants parmis les passagers) à l'horizon restreint du hall fermé.

Lundi 13 décembre 2004 :

Minuit quinze : Enfin une annonce par haut-parleur... le réacteur n'étant pas réparable (sic), nous allons être dirigé vers divers hôtels de Pointe-À-Pitre où de plus amples informations nous serons communiqués.

Minuit trente : Après avoir récupéré nos bagages, nous voilà devant l'aéroport. Des bus arrivent au compte goutte, mais nous somme livré à nous même. Deux guadeloupéennes courageuse mais débordées s'occupent de délivrer les « bons d'hôtel », mais c'est l'anarchie totale : les gens sur la route avec leur bagages pour prendre d'assaut les bus...
Au bout de deux heures trente d'attente sur l'arrière, nous décidons avec 2 amis de rallier le Novotel en taxi.
Arrivée à l'hôtel, il n'y aura nulle part les informations promises.
Par contre, on nous remet (six heures après l'implosion du réacteur, trois heures après l'évacuation de l'avion) un bracelet d'évacuation d'urgence... je le garderai en souvenir...

http://img143.exs.cx/img143/2909/photo14761ee.jpg

Nous avons aussi la surprise de trouver le personnel et l'équipage de la compagnie aérienne confortablement installé dans les meilleurs fauteuils du salon, un verre à la main.

4h : Une bonne douche, et hop au lit.

Une deuxiéme journée dans le flou

7h30 : Réveil pour puiser des infos. A la réception, une feuille A4 nous indique... pas grand-chose. En gros, que nous allons avoir de plus amples informations plus tard.

11h30 : Une nouvelle feuille info : Nous serons embarqué sur un nouveau vol dans la soirée.
13h30 : Finalement, l'enregistrement est prévu à 17 h. Des bus viendront nous chercher.
16h30 : Après de nouvelles longues heures d'attente, nous embarquons sur un bus.
17h : Bis repetita placent : enregistrement des bagages et des personnes. Les couples, se présentant ensemble ou pas, ne sont pas placés côte à côte, suite à un problème informatique (?)
18h30 : Nous sommes dans un nouvel avion... le départ est prévus à 19h50.
Nous partirons à 23 hr, sans aucune explication valable ! Les gens hurlent, menace de quitter l'avion, il y a encore des pleurs et des crises de nerfs... Personnellement j'en ai également un peu ras le bol, mais c'est loin d'être fini...

Decollage vers 23 hr lundi (heure locale de Guadeloupe), arrivée prévu à Paris 11h30 mardi (heure locale Paris).

Il y a eu de l'angoisse dans l'air lors du décollage... nous aurons maintenant tous un peu de mal à reprendre l'avion.

Nous voilà en France... mias pas au bout de nos peines

Mardi 14 décembre :

Il est 11 h du matin, nous survolons la France.
http://img143.exs.cx/img143/564/photo14861fz.jpg
Par haut-parleur, on nous annonce que Orly est difficile d'accès à cause du brouillard, que nous le survolerons un moment en attendant que cela se dégage.
Précisions stupides, fausses et alarmantes : après nous avoir décris le brouillard au sol comme « exceptionnel », « visibilité de moins de 250 mètres », le haut-parleur nous précise que « de toutes façons, nous n'avons plus que 50 minutes de carburant, donc nous nous poserons à Roissy si le brouillard ne se dégage pas »

Ca devient vraiment n'importe quoi...

11h30 environ : On nous indique que Orly et Roissy sont fermés, et que nous allons tenter de nous poser à... Nantes !
Re-hurlements, re-crises de nerfs...

A 13 hr environ ( !!! on a fini en pédalant ?), le boeing se pose à l'aéroport de Nantes.

Avec rien dans le ventre depuis la collation du matin, nous sommes dans le hall. Il nous est formellement interdit de le quitter. La police est là, les journalistes aussi.
Personnellement, cela fait bientôt deux jours (à part l'hôtel) que je me « ballade » dans des zones non-fumeurs, j'en allume une dans un coin... le policier présent m'assure de sa « compréhension ».
Des boissons nous sont proposés (une canette par personne). J'apprend par le personnel de l'aéroport que la compagnie Corsair avait commandé 1 sandwich + une boisson par passager, mais qu'a réception de la facture par fax, les sandwich furent supprimés... royal.

Affamés, déshydratés, hagards, épuisés, à bout de nerfs, nous attendrons pas loin de trois nouvelles heures devant un tapis roulant nos bagages, de nouveau débarqués. Tout ce qui était fragile, comme les cartons, n'existe plus qu'à l'état de masses informes cabossées.
Toujours pas de personnel pour nous entourer. D'ailleurs nous apercevrons à travers une vitre l'équipage Corsair repartant sur Paris... en avion.

Vers 16hr, un nouveau bus nous attend, direction Paris en TGV.
Le train attrapé d'extrême justesse, avec nos montagnes de bagages à trainer sur un quai interminable (merci à la SNCF d'avoir retardé pour nous le TGV), nous voilà enfin à Paris.
Il est environ 19 hr, cela fait 48 hr qu'a eu lieu notre premier départ de Guadeloupe.

Fin du voyage... début d'actions en justice?

Des navettes nous attendent pour nous emmener à Orly.
Comme je n'ai rien à y faire, je m'écroule dans le premier hôtel. Je prendrais le train le lendemain, et arriverais chez moi mercredi soir à 23 h30.
Prés de 80 heures après avoir démarré mon voyage de retour depuis la Guadeloupe.

A suivre... car des explications devront venir, juridiquement si il le faut.

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